Isoler

« L’isolement est le pire des conseillers » Miguel de Unamuno

Besoin de recul, de distance … et de ce fait d’isolement, mais est-ce vraiment l’issue ? Les conseilleurs ne sont pas les payeurs me dit-on souvent, il me serait pourtant bien plus simple de pouvoir me contenter de suivre les conseils donnés. Mes ces derniers ne cessent de se contredire m’amenant encore et toujours à me refugier dans ce petit monde qui m’effraie toujours mais qui malgré tout me permet d’avancer…

S’isoler pour mieux penser mais surtout ne pas se perdre, là est la plus grande difficulté. Peur de tomber dans ce monde obscure qui m’a longtemps accaparée (et isolée) et qui aujourd’hui me rappelle à lui. Crainte … alarmée par la faiblesse qui m’accapare j’ai du quelque peu rompre cette tanière pour ne pas m’égarer, avec la certitude que ma réflexion en sera plus mûre et mes gestes plus sûres.

Certains diront que c’est une fuite, ce qui n’est pas tout à fait faux si l’on y réfléchit mais notre sécurité en dépend, c’est alors un isolement précautionneux pour pouvoir refaire surface dans de meilleure conditions mieux armés contre ce monde abrupte.

On isole un malade pour ne pas qu’il contamine autrui, on isole aussi celui qui se met en danger. Chambre d’isolement, lieu redouté pendant longtemps car il nous inflige d’être face à soi-même, entourée de mur dépourvu de tout, pour notre sécurité, pour notre propre analyse sur nos gestes.

L’isolement est toujours rompu à un moment ou un autre, bien souvent quand on ne s’y attend pas, car la nature humaine n’est pas conçue pour la solitude. Quelque soit autrui il nous permet d’exister, d’avoir une place et donc un rôle que nous nous devons de jouer, changer parfois de masque pour s’adapter aux circonstances. Bien que souvent isolée, volontairement, quoi que, mon identité se forme jour à jour, révélant mes faiblesses mais aussi mes forces.

Moi qui est demandé l’isolement pour me cacher du regard des autres et ainsi me délivrer de la souffrance j’y ai trouvé l’amitié qui m’a reconduit à la vie. On est donc maître de notre isolement si on le souhaite mais on ne peut en choisir réellement l’échappatoire qui nous en extirpera.

« Tout ce qui isole délivre. » Réjean Ducharme

L’isolement est un temps de réflexion, prendre le temps de faire les bons choix –si un temps soit peu que cela soit possible- d’analyser le bien et le mal. Préparer son terrain pour ne pas être de nouveau démunis et contrait à un isolement forcée. Devenir alors spectateur d’une vie qui se déroule face à nous pour ne pas mal agir et voir avec un regard extérieur cette situation qui nous échappe, laissant de côté la colère et la haine qui pourrait nous induire en erreur et agissant alors selon nos vrais valeurs qui n’est autre que l’équilibre de ce que nous aimons.

Parviendrai-je alors à me sortir de cet enfermement volontaire et trouver le dénouement ? Là est sûrement la raison de ce thème donné mais à laquelle je n’ai pas encore de réponse.

          « L’aube. Un isolement entre le jour et la nuit. » Dominique Blondeau